Mise en accusation pour “rébellion en réunion sans armes” par les deux policiers qui les avaient interpelé de manière musclée le 14 juillet 2020, Marianne Thion était aux côtés de ses trois camarades colleur.euse.s sur les banc du palais de justice de Nantes le 28 novembre 2022 pour l’audience et le 12 décembre 2022 pour le délibéré (les détails de l’affaire sont par exemple relatés ici). La relaxe générale et sans conditions des quatre femmes fût un soulagement mais pas une victoire tant l’aberration ubuesque de ce retournement de situation – quatre femmes qui collent des affiches contre la domination patriarcale et se retrouvent accusées par les représentants même de celle-ci – met en évidence le dysfonctionnement violent de notre société.
C’est dans les pages de la revue 303 tout d’abord (le n° 172, Refaire le mur, détaillé ici) que j’ai fait connaissance de Marianne Thion, personnalité forte qui ne garde pas sa langue dans la poche et combat au quotidien, dans son intimité puis dans l’espace public, les violences sexistes. Entrevue une première fois rapidement le 28 novembre, il me semblait important de prendre le temps d’un entretien plus fourni, témoignant d’une vie passée dans la lutte féministe. Nous nous sommes retrouvés dans un café de la rue du Maréchal Joffre le mardi 13 décembre en fin de journée.
L’entretien est ponctué de Joy Division / She’s Lost Control & Aurora / Runaway